Ténéré : “Il ne faut pas sous-estimer les rencontres fortuites”
Membre de l’écurie Nowadays Records depuis 2017, Ténéré a présenté Be My Guest le 6 novembre 2020, son premier projet long format après deux années de singles remarqués.
Be My Guest est ton premier projet long format, pourquoi maintenant ?
J’ai mis un peu de temps à savoir ce que je voulais raconter avec ce projet. Be My Guest est l’étape intermédiaire entre les singles, un EP un peu plus conséquent et un album. C’est un projet hybride. Je ne voulais pas le présenter comme un album car ce n’était pas exactement la même démarche. Pour un album, il y a tout un concept et il faut construire les morceaux dans un ordre précis pour raconter une histoire, là ce qui unit ces morceaux c’est l’idée de travailler avec des gens très différents, comme un éventail de couleurs que je viens mettre dans mes musiques. Je garde la carte de l’album pour un futur projet mais ce n’est pas un but en soi. Si je le fais, c’est que j’aurai acquis une certaine maturité dans ma musique. J’aime aussi l’idée que ce soit quelque chose d’exclusif, il peut y en avoir qu’un seul, c’est comme un phénomène météorologique qui arrive parfois.
Comment décrirais-tu l’essence de ce projet ?
Ce que j’adore dans la musique, c’est être surpris. J’ai lu un article qui expliquait comment les frissons apparaissent quand on écoute de la musique. Les scientifiques se sont rendu compte que lorsqu’il y a une suite d’accords, le cerveau s’attend à entendre un accord logique, quand ce n’est pas l’accord que l’oreille attendait, le cerveau est surpris et c’est ce qui peut créer des frissons. C’est un peu ce que j’ai essayé de faire, quelque chose d’inouï, de nouveau, et qui procure des émotions agréables.
Il y a un mélange de genres dans ta musique, d’où viennent tes influences ?
Toute ma famille a fait de la musique à un certain niveau, mon père était soliste et j’ai moi-même fait un peu de conservatoire quand j’étais plus jeune, bien que je me sois assez vite affranchi de cela. Mais c’est vrai que ça a contribué à structurer mon oreille et ça m’a laissé un patrimoine culturel axé sur le baroque. Aujourd’hui mes influences sont très larges, j’écoute absolument de tout. Je produis pour de la publicité, les projets que je réalise dans le cadre de mon travail peuvent aussi m’inspirer. Par exemple pour le titre And On, je suis parti d’une mélodie de piano que j’ai utilisée pour une pub de parfum.
Comment t’est venue l’idée du clip À qui l’honneur feat. Moka Boka ?
Il y a eu plein de péripéties autour de ce clip, ça a duré plus d’un an. À la base on devait faire quelque chose de totalement différent mais le confinement a été annoncé quelques jours avant qu’on parte tourner au Maroc. On a fait appel au studio Temple Caché, on leur a présenté le morceau et ils ont accroché. Ils connaissaient déjà un peu le concept de Ténéré, le fait que j’aime la moto et les voyages, eux ils aiment bien tout ce qui est manga, alors ils sont partis dans le délire Akira.
On peut dire qu’il y a quelque chose de très féminin dans ce projet, les sonorités, les collaborations presque exclusivement féminines, est-ce volontaire?
Non, c’est plus spontané que volontaire. Je me suis émancipé de l’univers très baroque de ma famille par la radio. À l’époque, j’écoutais Skyrock et ils passaient beaucoup de RnB. C’est un genre qui me plaisait parce qu’il y avait des harmonies, ce que je retiens de ce que j’écoutais avec mes parents ce sont justement les harmonies un peu complexes, les mélodies. Le RnB puise beaucoup de choses dans la soul et le gospel, je retrouvais donc ce truc un peu ecclésiastique et ça m’a plu, je n’étais pas dépaysé. Aujourd’hui, je pense que ça ressort naturellement. Après, je suis totalement ouvert pour travailler avec des hommes mais je suis peut-être plus sensible aux sonorités de voix de femmes.
Avec qui aimerais tu collaborer dans le futur?
Je me laisse surprendre. Par exemple, Be My Guest était le seul track qui n’avait pas de featuring et on voulait justement le laisser comme une porte ouverte, que les gens puissent se l’approprier. On a reçu une proposition de Paul-Etienne Luca qui avait des rushes d’un danseur qui s’appelle Dylan Jolly, il trouvait que ça irait bien avec la musique et nous a proposé d’en faire un clip. C’est comme ça que le clip Be My Guest a vu le jour, je ne les connaissais pas avant. Il ne faut pas sous-estimer les rencontres fortuites. Je cherche surtout à faire des morceaux puissants. Peut-être que dans mon prochain album, il n’y aura personne de connu.
Be My Guest est disponible sur toutes les plateformes de streaming.
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Propos recueillis par Laurine Kati
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